samedi 15 février 2014

y a que les saisons qui changent

avec ma gueule 
je peux me poser n'importe où
et me sentir chez moi partout
et c'est un des rares avantages
d'une cloison nasale déviée
surtout sur ce genre de trottoir
qui me sert de terrasse  
et d'où je contemple mes contemporains mes semblables 
qui semblent tous rentrer là où ils ont l'habitude de chier
mais pas moi
c'est pas que je veux pas mais franchement
je ne suis pas assez soûl pour ça
heureusement qu'il y a la bière géante
qui me masse psychologiquement
et que je bois mais ce n'est pas la soif
c'est juste le désir hallucinant d'être enfin moi-même
malgré les conséquences merdiques que cela entraîne
y a que les saisons qui changent
y a que les saisons 

vendredi 14 février 2014

comment faire quand on est tout seul et tout nu ?

ça a le goût
ça a l’odeur même
du moins j’y crois
j’hallucine un peu quoi
surtout quand dans mon poil je diffuse en boucle ton parfum préféré
que je lèche comme si
comme si
comment ça s’appelle déjà ce truc ?
ah ouais un placebo
un placebo à la con
un remède à rien

et ma main gauche de droitier 
faut le dire
c’est un coup de joie relative
qui me fait croire à quelqu’un d’autre
l’obscurité aidant
quelqu’un qui te ressemble étrangement

c’est trop comme je me laisse encore avoir par l’extinction des feux
et comment je brûle mieux que l’homme-torche
en essayant de l’apercevoir le lieu qui va la célébrer
la formule
et rien à voir avec ce putain d’hôtel où je me languis
un endroit qui va te contenir toute entière
toi qui va remplacer toute cette mort 
ou un truc dans le style

et c’est pas triste non c’est pas triste
mais c’est pas super joyeux non plus !

un truc de fou

à l'heure qu'il est 
avec le temps qu'il fait
y a des vies
tu les piges de suite
moine punk
dandy discret
le système te vandalise
toujours autant
vodka essence 
suicide raté
injures érotiques
sur l'autre rive
la lumière devient bleue
force d'inertie
et géométrie variable
fumisterie agréable
autour des feux
au bord de l'étang
la foule fait la fête
et les gens se défoulent
pendant ce temps
bordel de merde
m'ennuyer me détend 
un truc de fou 

jeudi 13 février 2014

mais je ne m'appelle pas Jeff

les mecs qui ont des petites bites sont obligés d’être gentils pour compenser
c’est connu et c’est sûrement pas toi qui va venir me saliver le cul
et me le mordre et me l’ouvrir et me le salir avec amour 
pas vrai, Jeff ?

elle fulmine comme une expédition punitive
sublime dans son rôle de traînée qui piétine à moitié folle
et lovée dans des fringues courtes et collantes de colère noire
des transparences et des spirales imprimées
avec le bord des larmes !

depuis un quart d’heure les venins la font louvoyer à fond
comme une louve arrachée aux produits qui entraînent
comme une louve entraînée par des produits qui arrachent
qui ouvrent la gueule en grand pour que fusent 
les malédictions antiques
qui dans sa bouche sonnent comme des noms de bonbons
dont le bleu bouge dont le rouge coupe dont le rose explose

mais je ne m’appelle pas Jeff
elle fait exprès de me confondre avec son amoureux infidèle
un musicien plutôt reconnu si on aime le style Néo Machin
elle croit que ça m’énerve d’être confondu
à croire que toutes les nanas malheureuses
sont forcément sortis avec quelqu'un de célèbre
mais je ne m’appelle pas Jeff

avec ses feintes d’enfant presque deux fois majeur
elle veut juste que ça flambe plutôt qu’il ne se passe rien
et c’est pas con et pourquoi pas
vu que j’ai encore des trucs à boire

MICROBE 81


MICROBE 81 : Court, toujours !

Ce numéro a été préparé par Frédérick Houdaer.

Au sommaire :
Simon Allonneau
Fabienne Bergery
Katia Bouchoueva
Heptanes Fraxion
Frédérick Houdaer.

Les abonnés le recevront début janvier 
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien...


mercredi 12 février 2014

c'est aussi difficile de s'en éloigner que de s'en approcher


c'est aussi difficile de s'en approcher que de s'en éloigner
c'est exactement ce que disait la petite serveuse formidable
en parlant du bar
et de sourire avec les yeux
alors que moi ça me faisait pas beaucoup sourire
alors que moi ça me faisait encore penser à elle
à la fille aux cheveux violets
dont j'avais été obligé d'oublier le nom pour pas trop morfler
le nom mais pas le mystère sauvage et salé

et puis y avait ce truc qui fredonnait ironiquement 
dans les traits de l'air
pour les connaître faut leur faire l'amour
et pour leur faire l'amour faut leur mentir

tu savais pas ça mec ?
non je savais pas ça
ni ça ni qu'il suffisait d'être vivant pour être perturbé


dimanche 9 février 2014

REVUE METEQUE




des cordes sensibles font voler la ville

...des endroits monstrueux...des entrepôts...des ateliers...des enseignes électriques...des murs en couleurs...des échafaudages en bois...des immeubles flambant neufs et tous ces trucs de la mondialisation...la prospérité...la précarité...les bars qui se remplissent...une épopée qui commence au coin de la rue...des rendez-vous clandestins...patates & boudin...trois notes de musique...et l'architecture s'anime...structures gigantesques praticables grâce au vent ...des cordes sensibles font voler la ville dans le plein air primordial...particules de boue...poussières de chantier...briques...cendres...ADN...moment sublime à tout moment...on a rangé les prières et dégainé les invectives...c'est comme ça qu'on attendrit le mieux...le cœur des dieux...c'est comme ça et pas autrement...et on voudrait encore planer...encore un petit peu...si possible...

samedi 8 février 2014


litanie

même tes amis te jugent
et dormir ne sert à rien
dieu triomphe toujours 
dieu en tant qu'algorithme
4 h 47 la gamberge se termine enfin
il est temps de tracer
l'aube l'iode la peau en tant qu'arme blanche
le type enfile sa veste robuste
la tronche encore froissée
y a toujours cette pierre au dessus de lui
et c'est pas une pierre normale
il regarde par la fenêtre de sa chambre
avec vue sur que dalle
ouais il est grand temps de tracer
les flèches de l'été indien l'ont conduit jusqu'ici
la litanie le sud
et cette petite ville maussade
et cette petite ville au bord de la merde
et cette jolie petite ville à la réputation internationale
qui a toujours su prendre soin de la fiscalité
de ses rois de ses artistes 
de ses sportifs les plus fameux
ouais vraiment temps de tracer
il passe devant le cimetière
il passe devant le camping municipal
leur trouve quelques similitudes
à la boulangerie du coin
il s'achète de quoi se restaurer
un truc frugal mais chaud
avec une finesse de mouvement incroyable
le ciel s'est soudain agrandi
qui paye sa tournée de rosée
le long du canal d'irrigation 
le type chope dans sa besace
son avant-dernière canette noire et dorée
et la craque en trinquant à la bonne nouvelle
l'arrivée officielle de l'automne
et puis le rire des corbeaux