vendredi 8 décembre 2017

décembre 2017

jardin potager dans un angle mort

parait que t'as la rage du réel
parait que tous tes potes se mettent à la basse
parait que ta barbe sent le rémugle
parait que t'as les mains qui épaississent
parait que tu ressembles à un pope des rues
parait que t'as l'air de sortir d'un film post-apocalyptique
parait que tu fais ton âge désormais
parait que pour des raisons personnelles tu as arrêté la consommation de pruneaux
parait que tu soûles tout le monde avec tes parait

tu t'es regardé dormir toute la nuit
la vie des morts en toi t'épuise
visions de renards chassant sur le parking
visions de seins massifs lissés par la salive

jardin potager dans un angle mort

le ventre et la volonté
ont créé les premiers verbes du monde
choc sans surprise
vivement ce soir que tu te couches


théories complotistes qui vont avec les trainées de condensation dans le ciel
les tours de magie de la lumière
les grands dièses
que traversent les oiseaux migrateurs

ta séance de sport te remonte à la surface
du cardio du statique
une demi-heure trois fois par semaine

tu pars acheter le journal
le vent est redevenu ce dieu Viking sans pitié
sa mère la pute

les ouvriers du bâtiment ont ressorti les pulls et les strings fourrure
fou rire
y a toujours un gag dans les tragédies
grosse ambiance à la Chope Gauloise où un toubib trinque à la joie d'être endetté
bouteille de champagne de bon matin
en compagnie de sa maitresse
féminité en train d'éclore
  
inapte à rester ici
tu rabats ta capuche sur ton bonnet
badge de Walt Whitman accroché à ton blouson
tu traces
tu as une lessive à faire tourner
aller-retour
la laverie est à deux kilomètres

un type croit te reconnaître
un type avec un grand chapeau
qui dérive comme un produit
frère parallèle titubant sur des tubes intérieurs
des phylactères sortent de sa tête
ça dit qu'on prend les gens pour de la merde
ça dit qu'il faut pas s'étonner après si ça chlingue

y a quelque chose devant toi que tu ne vois pas
quelque chose qui n'est pas là
quelque chose qui te rend malheureux

besoin de fiction
tu mangerais bien une pizza végétarienne


marasme de tout
des demoiselles
des belles voitures
du peuple qui galère
des journées qui durent trois ans
des chaussures de sécurité 

si confortables quand on ne marche pas avec
du chef persuadé de gérer la vérité-terrain en passant ses journées devant son ordinateur

attente d'horizons
mouvements contradictoires entre le monde et toi
ton treizième mois que d'aucuns t'envient
c'est 1200 euros qui te permettent
grosso modo de payer tes impôts et ta taxe d'habitation

chierie
on appelle ça gagner sa vie

t'es un mec du XXème siècle toi
tu te bourres la gueule en écoutant
les crooners qui chantent Noël