la bouffe t'a déçu
pas le vin
tu ne sais pas si tu es complètement défoncé
ou totalement serein
rhapsodie dans les rues où les nuages continuent de traîner
il fait nuit
tu as vieilli
tu as pris du bide
tu as beau collectionner les couteaux
tu ne supportes pas la violence
sauf dans les films
surtout si ça se passe en Corée du Sud et qu'il y a des femmes à poil
tu sais réparer tout un tas de choses
mais ce soir ça va pas t'aider
t'es un genre d'inspecteur sans enquête toi
ou alors enquêtant sur lui-même sans même le savoir
ton cerveau a l'air de se décongeler depuis quelques mois
des trucs te reviennent
des trucs qui doivent rester dans la famille
des trucs que subissent parfois les petits garçons
brouillard dans ta barbe
brouillon dans ta tronche
«Encore un qui se prend pour un génie de la littérature. Tchouss.» Alcôve House Revue
mercredi 12 avril 2017
semaine 14
ciel profond soudain que le revêtement stratifié du sol où depuis une semaine je laisse traîner mélancoliquement
les miettes de notre dernier petit-déjeuner
à Gwenn la gouine et moi
poussières de céréales et particules de fruits secs
que je contemple comme autant d'objets célestes
je lui écris une carte-postale
tu me manques grave
petite pute
bisous
désolé
la bouche de dieu ne m'a pas détruit en m'asphyxiant dans un degueulis d'arc-en-ciel
par contre
je me suis fait méchamment percuté par le semi-remorque de moi-même
discrètement je mange mes larmes
soleil couchant sur les tuiles faîtières
je repense à Mademoiselle Moustache
se gratifiant d'un 69 sans l'aide de personne
inexorable semble être le mot du jour
un vieux monsieur aux cheveux aussi noirs que ses yeux sont bleus
a l'air de me suivre où que j'aille dans les rayons de la supérette
c'est inexorable
il me dit
tout ce qui est utile à la beauté a tendance à disparaître ces temps-ci
il me dit
et pendant qu'inexorablement la lune s'éloigne de la Terre
Adrien Rady sort son dernier recueil de poèmes qui s'appelle Mon nom est mon ombre
son dernier recueil qui sera gratuit jusqu'à la caisse
son dernier recueil avant le prochain
les miettes de notre dernier petit-déjeuner
à Gwenn la gouine et moi
poussières de céréales et particules de fruits secs
que je contemple comme autant d'objets célestes
je lui écris une carte-postale
tu me manques grave
petite pute
bisous
désolé
la bouche de dieu ne m'a pas détruit en m'asphyxiant dans un degueulis d'arc-en-ciel
par contre
je me suis fait méchamment percuté par le semi-remorque de moi-même
discrètement je mange mes larmes
soleil couchant sur les tuiles faîtières
je repense à Mademoiselle Moustache
se gratifiant d'un 69 sans l'aide de personne
inexorable semble être le mot du jour
un vieux monsieur aux cheveux aussi noirs que ses yeux sont bleus
a l'air de me suivre où que j'aille dans les rayons de la supérette
c'est inexorable
il me dit
tout ce qui est utile à la beauté a tendance à disparaître ces temps-ci
il me dit
et pendant qu'inexorablement la lune s'éloigne de la Terre
Adrien Rady sort son dernier recueil de poèmes qui s'appelle Mon nom est mon ombre
son dernier recueil qui sera gratuit jusqu'à la caisse
son dernier recueil avant le prochain
dimanche 9 avril 2017
post scriptum (à Séverine C.)
beaucoup de passage
beaucoup de travaux
et moi qui m'excentre en loucedé
au milieu des courants d'air gothiques et des épices passionnantes qui me font en même temps
et froid dans le dos et chaud au coeur
tel un portrait-robot
je me la joue comptemplatif sur la plus célèbre volée de marches de la ville
où les jours rallongent maussades et frais
à deux pas
dans les laveries automatiques
les dernières machines sont en train de tourner
le printemps sent la pizza et la fosse septique
sur un banc en pierre
deux gratteux taquinent grave en jazz manouche
un clochard apprécie
rescotche sa godasse et invite son chien à gincher
au sortir de la boulange
une petite nénette regagne ses pénates en portant dans ses bras un gros pain comme elle porterait un nouveau né
ou alors tout le poids du monde des mammifères
le long du Canal
des bâtiments délabrés depuis des années
le long du Canal
des boîtes à la mode et des histoires de sperme noir
ça booouge dans le Sud mais rien ne change
post scriptum
c'était pas si mal pour une journée de merde
merci de m'avoir accompagné
beaucoup de travaux
et moi qui m'excentre en loucedé
au milieu des courants d'air gothiques et des épices passionnantes qui me font en même temps
et froid dans le dos et chaud au coeur
tel un portrait-robot
je me la joue comptemplatif sur la plus célèbre volée de marches de la ville
où les jours rallongent maussades et frais
à deux pas
dans les laveries automatiques
les dernières machines sont en train de tourner
le printemps sent la pizza et la fosse septique
sur un banc en pierre
deux gratteux taquinent grave en jazz manouche
un clochard apprécie
rescotche sa godasse et invite son chien à gincher
au sortir de la boulange
une petite nénette regagne ses pénates en portant dans ses bras un gros pain comme elle porterait un nouveau né
ou alors tout le poids du monde des mammifères
le long du Canal
des bâtiments délabrés depuis des années
le long du Canal
des boîtes à la mode et des histoires de sperme noir
ça booouge dans le Sud mais rien ne change
post scriptum
c'était pas si mal pour une journée de merde
merci de m'avoir accompagné
mardi 28 mars 2017
un mec bien
un mec bien
très bien même
et puis du bagage mine de rien
du bagage mais pas d'esbrouffe
du bagout mais pas de blabla
un chignon rastafarien
des tatouages faits maison
un nez tordu
son père lui foutait sur la gueule
son enfance c'est foyer foyer foyer
et à 16 ans la rue
et à 20 ans l'armée
et puis des problèmes de nervosité
et puis des problèmes avec le modèle prédateur
et puis de nouveau la rue
et puis de nouveau les drogues dures
et puis un choc anaphylactique
et puis pendant sa convalescence
un gros gros carton en bagnole
pas de permis
pas d'assurance
50 points de sutures sur le crâne
et puis cinq ans d'incarcération chimique
maintenant ça va
il a un métier
il répare des téléphones
et puis il va être papa
il y croit toujours pas d'ailleurs
faut qu'il annonce ça à Franck
son meilleur pote
un daron de chez daron
un pompier à la retraite
et puis à Bruno le barbu
un collègue toujours classe dans la picole
et puis à Nathalie une prof de SVT
une brunette qui a toujours été hyperbienveillante à son égard
mais pour l'instant il garde tout ça pour lui
et se mate le ciel
les grands sites du ciel à travers les caténaires et les flèches des grues
un putain de ciel
un ciel comme il les aime
un ciel à pas se laisser niquer par le superflu
très bien même
et puis du bagage mine de rien
du bagage mais pas d'esbrouffe
du bagout mais pas de blabla
un chignon rastafarien
des tatouages faits maison
un nez tordu
son père lui foutait sur la gueule
son enfance c'est foyer foyer foyer
et à 16 ans la rue
et à 20 ans l'armée
et puis des problèmes de nervosité
et puis des problèmes avec le modèle prédateur
et puis de nouveau la rue
et puis de nouveau les drogues dures
et puis un choc anaphylactique
et puis pendant sa convalescence
un gros gros carton en bagnole
pas de permis
pas d'assurance
50 points de sutures sur le crâne
et puis cinq ans d'incarcération chimique
maintenant ça va
il a un métier
il répare des téléphones
et puis il va être papa
il y croit toujours pas d'ailleurs
faut qu'il annonce ça à Franck
son meilleur pote
un daron de chez daron
un pompier à la retraite
et puis à Bruno le barbu
un collègue toujours classe dans la picole
et puis à Nathalie une prof de SVT
une brunette qui a toujours été hyperbienveillante à son égard
mais pour l'instant il garde tout ça pour lui
et se mate le ciel
les grands sites du ciel à travers les caténaires et les flèches des grues
un putain de ciel
un ciel comme il les aime
un ciel à pas se laisser niquer par le superflu
dimanche 26 mars 2017
sainteté du geste simple
parait que tu te complais dans ton mal-être
parait que tu survends ta solitude
parait que tu manques de spontaneité
parait que t'es rincé
parait que tu délires comme un tox sous anxyolitiques
parait que t'es lâche comme tapette
parait que Dame Lynx pense à toi
parait que tu l'aimes Dame Lynx
parait que t'as oublié ça aussi
tramway en panne
il repleut
vapeur froide
vernis bleu qui lave l'air en te lavant toi
et ce truc dans le for intérieur
où pouls et peau semblent revenir de blessure
chez toi
par dessus les verres de vin blanc
du Picpoul si possible
des insectes te tiennent compagnie
qui tournent en carré quand ils sont en rut
sainteté du geste simple
et on dirait que tu t'envoles et qu'il n'y a pas d'essor
et on dirait que tu tombes et qu'il n'y a pas de chute
t'es un mec du XX ème siècle toi
les video-clubs te manquent beaucoup
dimanche 19 mars 2017
la eternidad y luego un hoyo en la cerca ( trad. de Laurent Bouisset et d'Erick Gonzalez.)
eso es lo que necesito
cosas llenas de óxido que se arrastran
en el polvo y el sol
una larga línea recta una ciudad vacía
un lugar perdido
donde mi cráneo camine descalzo entre
hangares y silos
eso es lo que necesito
eso es lo que necesito
el máximo de espacio
la trashumancia de las nubes
billones de cielo azul en efectivo
la masa intensa y poética
de los transportes pesados
una juerga hermosa
una coherencia extraña
un silencio de oro
sí, es eso lo que necesito
la eternidad pero no demasiado
la eternidad sin la cadena perpetua
la eternidad y luego un hoyo en la
cerca
eso es lo que necesito
algunos bosquecillos y un par de fosos
en el azul de los bosques el azul
oscuro
y la luz de los Indios que ilumina el
camino
cuando no hay luz y no hay camino
eso es lo que necesito
vino pan y queso
una buena paja un gesto del cosmos
una pausa en mi día de descanso
mientras aprendo a hacer malabares
con las rocas de mis pensamientos
que todos los pequeños coágulos se
pongan a girar
que todos se enrojezcan en este
instante
sí, es eso lo que necesito
la eternidad pero no demasiado
la eternidad sin la cadena perpetua
la eternidad y luego un hoyo en la
cerca
(Muer
fait mal,
Editorial LIGNE 19)
vendredi 17 mars 2017
bois de berge
pas toxicomane
pas prostituée
pas au point de traîner à longueur de journées avec des ex taulards portés sur la tise
ils kiffent sa silhouette longiligne
ils kiffent sa voix ultradouce et ses yeux créoles
beaucoup moins ses tournures de phrases élaborées
pas loin un cimetière wisigoth
pas loin une centrale hydraulique
pas loin une forêt alluviale
des saules blancs
des peupliers noirs
des strates et des strates d'herbes parmi lesquelles elle retrouve
non pas le désir poétique de dieu
mais cet endroit secret dans sa tête où elle se sent toujours en sécurité
pas prostituée
pas au point de traîner à longueur de journées avec des ex taulards portés sur la tise
ils kiffent sa silhouette longiligne
ils kiffent sa voix ultradouce et ses yeux créoles
beaucoup moins ses tournures de phrases élaborées
pas loin un cimetière wisigoth
pas loin une centrale hydraulique
pas loin une forêt alluviale
des saules blancs
des peupliers noirs
des strates et des strates d'herbes parmi lesquelles elle retrouve
non pas le désir poétique de dieu
mais cet endroit secret dans sa tête où elle se sent toujours en sécurité
MUER FAIT MAL-recueil sorti aux éditions Ligne 19
furieusement souterrain /totalement choupinet
10 euros la version collector/ 6 euros la version simple ( + 1 euro 50 de frais de port )
soit 20 pages de bluettes punkoides/de poésie écorchée douce
à commander à heptanesfraxion@hotmail.fr
jeudi 2 mars 2017
Christelle
Christelle la petite quarantaine
son coeur
un dortoir à compter les oiseaux
sans anxiolytiques elle refait des liens qu'elle ne faisait plus
noces avec elle-même dans la contre-société qui la couronne
son père veut la conseiller
elle dit non
sa mère veut prier pour elle
elle dit non
son frère connaît quelqu'un qui
elle dit non
elle dit non passqu'elle veut comprendre
elle dit non passque la famille n'est pas sainte
elle dit non passqu'il n'y a pas qu'une seule façon d'être une femme
et passque le seul dieu avec qui elle peut un peu discuter
c'est celui qui travaille à la malchance des cupides
son coeur
un dortoir à compter les oiseaux
sans anxiolytiques elle refait des liens qu'elle ne faisait plus
noces avec elle-même dans la contre-société qui la couronne
son père veut la conseiller
elle dit non
sa mère veut prier pour elle
elle dit non
son frère connaît quelqu'un qui
elle dit non
elle dit non passqu'elle veut comprendre
elle dit non passque la famille n'est pas sainte
elle dit non passqu'il n'y a pas qu'une seule façon d'être une femme
et passque le seul dieu avec qui elle peut un peu discuter
c'est celui qui travaille à la malchance des cupides
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