lundi 13 juillet 2015

Revue Métèque 2



ACIDE CRITIQUE


Benoit Vallegra 
Kristobalone
Heptanes Fraxion
Yan Kouton
Nicky Bilbao  
Azylis de Nowhere
Jacques Cauda
Alain Fontaine
Jan Bardeau
Rémy C.
Alienor Oval
Perrin Langda
Antonin Sobel
Necro Mongers
Severine Castelant
Saïmon
Daniele Chaneac-Delamare
Louise Sullivan
Thierry Théolier
Jon Ho
   

Photomontage couverture : François Meunier
     Pour toute information concernant l'un de ces auteurs envoyez un mail à :
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mercredi 1 juillet 2015

tant pis si c'est pour rien tout ça

beaucoup d'échecs au final
et si peu de réussites au final
le monde est tellement tellement moderne
les tempêtes font les rois
les tempêtes les défont
conversations inutiles au coin d'une table
avec des bouches contaminées par le bruit
des bouches qui se trompent sans brio
Rodolphe par exemple
moitié surfeur
moitié péquenaud
chaleureux et retors
à la coule
mais à fond dans la compétition
Rodolphe ne comprend pas que les gens qui n'ont pas d'enfant soient toujours en train de se plaindre
Rodolphe ne comprend pas non plus que les gens ne l'admirent pas un peu plus
Rodolphe ne parle que de lui en fait 
parfois sans le savoir
ce que t'as pas fait avant 40 ans
il me dit
tu le feras pas après
il a 39 ans
moi 41
je décline la balade avec le chien
je décline les churros
je décline le feu d'artifice
mon esprit prépare déjà le chemin
le verger 
le ravin
le morceau de pain
et l'exaltation qui va avec le renoncement
un renoncement si proche du désir
ni huées ni bravos
et la chance me sourit
et l'horizon me ressource
tant pis si c'est pour rien tout ça
ouais
tant pis si c'est pour rien

mercredi 10 juin 2015

métaphores et coups de pieds fouettés

une excellente mémoire
mais quasiment aucun souvenir d'enfance

à ce stade
toutes les hypothèses sont possibles
des fois c'est la chaleur
des fois c'est la fatigue
des fois c'est l'instrumentalisation de la justice
à des fins politiques

des gens se morfondent chez eux
jouant à des jeux au lieu de renouer
avec le fruit frais des forêts
ou le grain si fin des averses venues d'Allemagne
ils ont toujours raison

s'ensuit toute une série de péripéties
un chevreuil
un poids lourd en panne
et un peu plus au nord
au km 179
prés de la bretelle de liaison
une personne qui se met en danger

à force d'engueuler le bruit
elle finit par se disputer avec le silence
métaphores et coups de pieds fouettés 
passque tout plaquer la brûle
passque tout plaquer
la brûle

samedi 6 juin 2015

Norbert

52 ans
il sort du taf Norbert
avec sa prime de nuisance
avec les risques psychosociaux qui vont avec
un peu hébété quand même
thorax étrangement chaud 
pour quelqu'un qui n'a presque pas bu
pour quelqu'un qui ne se sent presque plus valable
il traverse les rues colonisées par le sucre et l'euphorie
fête de chais-pas-quoi
victoire de chais-pas-qui
les nuiteux les gros nazes
les relous les bosseurs
les noceurs 
les petits malins porteurs de menaces
s'amusent déjà à se détruire
s'abimant dans la quantité
en attendant de se soulager les moeurs
52 ans
il a fini par le trouver Norbert
son coin tranquille
sa cage de plein air
son creux poplité 
au bord du fleuve
il ne s'inquiète plus de rien
ni du soi-disant secret du monde
ni de vers où partir après
techniques sauvages
echos merveilleux
parfois c'est bien 
de prendre de l'âge 

vendredi 29 mai 2015

dérive

reveillés par la machine qui fait rêver léger
on commence à apercevoir le port
où la mécanique convoque un certain mysticisme
en partie dû à l'aura mauve du ciel gris
qui nimbe les angles immenses des portiques
les heures indues ont tendu la couenne de nos visages
et il y a des traces sur le pont
comme des coquelicots de peinture rouge
le vent va bien 
alors que la dérive se met en place
le vent va si bien que d'un coup 
ne plus parler devient tout doux

mercredi 27 mai 2015


Benjamin Bloch

pendant la nuit
ils ont déménagé la laverie automatique
les vacances scolaires approchent
et le célèbre cirque pas célèbre s'est installé sur le parking 
juste en face
la bruine délave la ménagerie
pétales de fleurs partout
chuis pas malade
c'est le temps qui me fait ça
je vais pas au travail
je vais pas chez moi
j'ai pas envie
et avec ma flasque
dans le bus
je truque mon caoua
mon voisin raconte à sa voisine
comment grâce à sa grand-mère
son village natal est resté moche
après la guerre
elle avait le don la vieille
soit pour t'en mettre plein la vue
soit pour t'entuber
alors compréhension mes couilles
le printemps me déteste
et c'est réciproque
m'attends pas
je te fais de gros bisous quand même
Benjamin Bloch

mardi 12 mai 2015

y a des quartiers où on voit mieux les étoiles

son blouson en plastoc
son orgelet
son vieux genou
ses jeux de mots à deux balles
ses mollards traçants
comme des balles de bave au bicarbonate
la thune n'est pas tombée du ciel
il rentre au bercail à pinces  
méandres de la grande agglomération
qui sentent les pâtes à la carbonara
dans les couloirs de la nuit creusée
les couleurs sont toutes en colère
ouais
soulagement ou tristesse
terminus ou retour à la base
il en est où
il en sait rien
on va tous mourir un jour
question de temps
mais pour l'instant il resquille 
sa solitude est une seconde chance 
putain
il se sent bien d'un coup
y a des quartiers où on voit beaucoup mieux les étoiles
Crédits : Yann Castanier