mercredi 27 mai 2015


Benjamin Bloch

pendant la nuit
ils ont déménagé la laverie automatique
les vacances scolaires approchent
et le célèbre cirque pas célèbre s'est installé sur le parking 
juste en face
la bruine délave la ménagerie
pétales de fleurs partout
chuis pas malade
c'est le temps qui me fait ça
je vais pas au travail
je vais pas chez moi
j'ai pas envie
et avec ma flasque
dans le bus
je truque mon caoua
mon voisin raconte à sa voisine
comment grâce à sa grand-mère
son village natal est resté moche
après la guerre
elle avait le don la vieille
soit pour t'en mettre plein la vue
soit pour t'entuber
alors compréhension mes couilles
le printemps me déteste
et c'est réciproque
m'attends pas
je te fais de gros bisous quand même
Benjamin Bloch

mardi 12 mai 2015

y a des quartiers où on voit mieux les étoiles

son blouson en plastoc
son orgelet
son vieux genou
ses jeux de mots à deux balles
ses mollards traçants
comme des balles de bave au bicarbonate
la thune n'est pas tombée du ciel
il rentre au bercail à pinces  
méandres de la grande agglomération
qui sentent les pâtes à la carbonara
dans les couloirs de la nuit creusée
les couleurs sont toutes en colère
ouais
soulagement ou tristesse
terminus ou retour à la base
il en est où
il en sait rien
on va tous mourir un jour
question de temps
mais pour l'instant il resquille 
sa solitude est une seconde chance 
putain
il se sent bien d'un coup
y a des quartiers où on voit beaucoup mieux les étoiles
Crédits : Yann Castanier

dimanche 10 mai 2015

il n'y a plus de vent par contre il pleut

il n'y a plus de vent
par contre il pleut  
on ne voit pas les gens pendant un moment
et il se passe des trucs 
discrètement 
à l'aube
l'unité se fait toujours au détriment de certains
horizons artificiels & ordres automatiques 
c'est pas que ça la vie
c'est pas toi
c'est pas moi
c'est autre chose 
crois-moi
à traverser la forêt
jusqu'au bord de la falaise
je me sens pur d'un coup
passque c'est l'automne
et que mon sang me tient chaud
y a de l'envergure 
y a de la turbulence
et les chiffres ont fini de parler
aller nulle part
mon vrai métier

mardi 5 mai 2015

c'est drôle la vie quand même

dans l'Oise
à Athènes
au nord de Paris
en amont
en bordure
dans le canal
à la une
un cadavre
un petit garçon
un civil
deux soldats
deux détenus
un professeur
un homme âgé
une figure locale
une femme retrouvée nue
en état de choc
sous l'emprise de l'alcool
ce weekend
dans ses bras
dans la nuit
au dessus du restaurant
une altercation
un incendie
pronostic vital
température ressentie
oui mec
tu es spécial
passque tu es unique
et tu es unique
passque tu es seul
comédie irresistible
polar haletant
c'est drôle la vie 
quand même

mardi 28 avril 2015

by Fritz Hoffmann/Redux

journée type d'un mec moyen

cheveux blancs
sourcils blancs
un vieux monsieur phosphorescent
étudie les avancées du chantier qui n'avance pas

vous verrez un jour 
y aura un drame

copinage & affairisme 
des centaines de bureaux vides depuis des années  
deux zonards y bivouaquent bien à l'abri du vent

hirsutes 
hilares
celui qui boite 
s'en boit une 
celui qui rote
s'en crame une petite

c'est pas une marionnette lui 
c'est un païen 
c'est simple 
s'il le pense pas 
il le dit pas

la joie finalement mon pote
c'est rien qu'une décision à prendre
des chips à faire tourner dans le soleil couchant 

ça y est
c'est les vacances
en Amérique et dans mes rêves 
les martinets sont revenus
il doit faire bon
au Canada
surtout en ce moment 
surtout sur la côte ouest 

tout me va en fait
tant que personne ne me parle
tout me va
journée type d'un mec moyen


mercredi 15 avril 2015

présences sacrées

l'âge d'or
il a su qu'il l'avait connu ça quand tout était bien fini
que tout le monde était un peu mort sur la photo

il s'appelle Marteau
son prénom m'échappe
un bon gars tatoué de partout
très vif très maigre
qui bosse à la mairie
qui n'aime pas le foot
qui ne se persuade pas d'hypothèses
qui les trouvent chiants les vieux de son âge

bac à graisse
désenfumage
sous-sol
jambon
fromage
tous les jours c'est la même chose

il remarque des trucs que personne ne capte
des minutes de soleil en plus
ou bien des points de vie en moins
des murs invisibles
des murmures dans des rues quasiment vides
il dit qu'en fait
c'est ptêt eux les nuages
qui nous regardent passer
présences sacrées

mardi 31 mars 2015

dans fenêtre il y a feu

tout par crise
tout par crise
tout ce que tu ne donnes pas
finit toujours par pourrir
elle le lui avait dit pourtant
ne mise pas trop sur moi hein
je suis un peu morte
je suis un peu maudite
et bien sûr
il avait beaucoup misé sur elle
sa belle aura 
sa mèche de cheveux sur son oeil droit
et bien sûr
elle était partie quasiment de suite
Laura
à Erevan 
en Arménie
et depuis il parle bizarre
mécanisme psychologique 

tout par crise
tout par crise
je connais quelqu'un comme ça
qui ne mange rien de rouge
ni fraises ni tomates
et qui n'aime pas le changement
et qui n'aime pas les phrases courtes
et qui dessine des mangas
des signes cabalistiques
des ronds du bout des doigts
qu'elle change de coiffure
qu'elle perde du poids
quoi qu'elle fasse
ils la dénigrent

tout par crise
tout par crise
tu crois définir le sujet
et bim le sujet te définit
bourgeoisie conventionnelle
les maris aux putes
les épouses chez leurs amants
qu'ils nous lâchent
à la fin
avec ça
le bien 
le mal
c'est classique
c'est pénible
c'est d'un chiant

tout par crise
tout par crise
à l'époque
aucun gouvernement n'a daigné soutenir
ce bienfaiteur de l'humanité
face aux spéculations alimentaires
des grandes banques européennes 
et pour cause 
profits rapides à très court terme
elle le répète à l'envi
elle le répète à qui veut
dans fenêtre il y a feu

jeudi 26 mars 2015

Séverine

Séverine Castelant

Séverine Castelant

Séverine Castelant

Séverine Castelant

Séverine Castelant

Séverine Castelant