mercredi 9 mai 2018


trop de tout et puis plus rien


l'amour c'est pas que de l'amour
l'amour c'est aussi de la merde
petite entreprise de démolition
nique les épîtres aux Corenthiens


faute d'aérer ma tronche
j'aére l'appart
la couverture pend à la fenêtre comme une langue géante


jour férié
d'où ce fabuleux silence
certaines personnes sont elles aussi fériées qui me remercient chaleureusement et puis me nuisent


les murs avancent
quelque chose m'avale
la vie va vite
parfois c'est bien
parfois moins
trop de tout et puis plus rien


le voisin que depuis 4 ans
je croyais hétérophobe est simplement handicapé mental


plutôt que de m'occuper à me punir
je préfère me caler tout seul à la gare
et surtout n'aller nulle part
j'y accepte mes faiblesses avec un enthousiasme sincère
égoïsme
lâcheté
manque d'envergure
je le sais
je le sais bien
je ne soigne pas assez ma masculinité
nomade du surplace


pause-clope
de jeunes employés échangent les derniers potins
celle qui n'est pas foutue de faire son travail correctement et qui se donne de grands airs
celui rendu asocial par son sens aiguë de la justice
celle calmée par ses automutilations
celle qui ne parle que règles et règlements
celui en surpoids
celui vénéré par sa mère


un couple d'amis perdu de vue m'envoit un texto
ils se connaissent depuis longtemps
ils veulent des enfants
ils pensent que le gouvernement agit pour l'intérêt du plus grand nombre
et ils m'invitent à leur mariage
je leur réponds que ça tombe très bien
que j'ai besoin de me divertir en ce moment
que je dis oui à presque tout
et que je n'ai aucun ressentiment contre cette société dont le sport national est l'abus de biens sociaux


d'ailleurs
j'en discute avec Pépé
de ce monde que nous pensons refaire et qui nous refait
Pépé qui en a bavé
Pépé qui a des doigts en moins
Pépé qui a failli être emporté par une avalanche l'hiver dernier
Pépé qui pendant son hospitalisation a confié son chat à des amis
Pépé qui n'aime que ça
les randonnées en montagne l'alcool et les femmes
la sienne l'a largué voilà 5 ans
Pépé qui essuie sa sueur pour pas attraper froid
Pépé qui vient d'aménager dans cette grande ville du sud où il pleut le plus pour se rapprocher de son fils qui fête ses 18 ans le mois prochain
le temps passe hein mon ami
oui Pépé le temps passe 

je profite de ce moment d'inattention de sa part pour calter
j'ai rendez-vous avec une sorcière qui me dit des choses mystérieuses dans le but évident de me vamper

je ne suis pas soûl mais j'y travaille avec passion
chaleur de l'ivresse formidable
car pas compliquée


socialement futile
je colle des bouts de poèmes auto-adhésifs dans les rues
l'éphémère
y a que ça qui dure en fait


l'obscurité du fleuve devient bleue
mon remède marche qui me fatigue délicieusement
je souris un peu au bord des larmes
heureux que je suis de ne plus rien comprendre
heureux que je suis de la vivre enfin la sainte énigme


tout me semble dérisoire d'un seul coup
tout sauf l'innocence des chiens