jeudi 24 mai 2018

rétrofuturisme


vive le stress qui te redonne le souffle de tout ou presque
vive le trauma qui te rend la clarté splendide ou presque
vive l'insomnie en tant que nouveau pouvoir
vive les tournois secrets d'autofist féminin

tu es banal
tu t'exprimes mal
tu es tout le contraire de brillant
elle était heureuse
tu étais en dépression
il était 19h45 pour elle
huit heures moins le quart pour toi
weekends totalement schizos

non tu ne l'as pas trompée avec la première musicienne venue
non tu n'es pas allé aux putes avec Jim
non tu n'as pas besoin de reconnaissance
(pas tant que ça)
non tu n'es pas poudré le nez avec ta cousine
non tes potes poètes ne sont pas de sales petits phallocrates
(pas tous)

écouter des musiques angoissantes
te détend
Whitehouse
Programme
Bohren und der club of gore

avec
tu longes des murs
avec
tu suis les méandres d'un monde imaginaire
air métallique délicieusement empoisonné
des elfes anthropophages fument et la nuit fume aussi
vaisseau de guerre que le ciel ce soir

tu feintes un punk à chien qui essaie de t'imposer sa réalité de taxeur pénible

tu reconnais le monsieur qui hier s'intéressait à l'invention du peuple juif tout en cherchant un chauffe-biberon

des choses qui arrivent
des histoires de perte et de vengeance
des légendes urbaines d'anges nucléaires marchant pieds nus

un désir assouvi en génère automatiquement un autre
(fatigue)

la terre a six milliards d'années dont six mille de civilisation
tu es en train de méditer sur cette perspective
lorsque tu recroises la jeune fille de 70 ans qui en parait 17
et à qui on demande toujours de justifier son identité lorsque elle souhaite acheter de l'alcool
chômeuse violée par un monstre porno
elle a traversé le merdier et pourtant elle sent toujours aussi bon
selon elle
les anciens ne font plus preuve de sagesse
les politiciens imposent des lois injustes
ils sont dépravés
ils sont cupides
et tout va bien tant qu'ils triomphent
pendant ce temps
certains adolescents se remplissent à ras bord
mammifères débiles dépourvus d'altruisme

pourquoi laisser dieu à la religion
pourquoi laisser la poésie aux universitaires
pourquoi laisser nos parents baiser nos blessures

mère distante
père absent
tu as besoin d'une seconde chance
de retrouver confiance en toi
les tranquillisants qui empêchent tes nerfs de repousser trop vite
te greffent des ailes défectueuses
une ville passe dans les nuages

tout devient ridicule
les problèmes d'argent
les problèmes d'appartement
les problèmes d'avenir

tu n'écoutes plus ta petite voix intérieure qui ne te parle que d'échecs et de regrets
tu rêves d'aventures souterraines en compagnie d'un roi clochard

dieu t'encombre
seul le hasard est fiable

y a de la lumière dans la superstition
y a des zones d'ombre dans la science
y a des écrivains plus passionnants à écouter parler qu'à lire

continuer à se cultiver mais pas jusqu'à l'apathie
chercher du sens mais pas jusqu'à la connerie
rester digne mais pas trop
amen

viens voir sur le balcon ça sent la mer
elle dit
la mer a retrouvé notre adresse
tu dis
et tandis que nous sirotons les étoiles
quelque chose crépite en nous qui nous applaudit

cheval de feu
chien de métal
on a faim
on a soif
on pue
on dénombre nos vertèbres avec la langue
on se crache sur la queue en priant
on paye notre tournée de cunnilingus
nous qui faisons les animaux
nous qui faisons les ongles
nous qui faisons les yeux
nous et nos 55 façons de nous mordre

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